Au terme de cet article, je ne pourrai pas vous écrire qui, de Jean Luc Matha, vigneron aveyronnais, de son domaine aux bâtiments de briques rouges à Bruejouls, ou de ses vins originaux de fer servadou, m’auront charmé le plus, ce matin de juillet.
Jean Luc, 70 ans passés, homme de passion et de communication, affable et bavard, parle de sa terre, de ses vignes, de ses vins, avec engouement. Le vigneron a passé sa vie à faire le meilleur vin que la nature lui a permis de faire. Un vigneron, que je qualifierai de « paysan », ancré dans sa terre, avec le bon sens comme boussole. L’homme est sincère. Il est engagé, depuis plus de 30 ans, dans une viticulture avec le moins de chimie possible. Alternant pédagogie et humour, Jean-Luc, épaulé par Françoise, son épouse, nous ont permis de déguster très généreusement plus de 10 cuvées du domaine. Merci
Le lieu ressemble a un décor de cinéma. Le rougier, terre rouge de l’Aveyron, donne aux bâtiments une couleur chatoyante et une unité séduisante. Pour mettre en scène le domaine, plantes grasses ou grimpantes, tonneaux et autres outils du chai, objets en fer forgé, tonnelles, photos, sont agencés pour charmer le visiteur. Les smartphones ne savent plus où donner de leurs cellules ! Pour profiter de ce lieu et de son environnement, direction Clairvaux d’Aveyron. Seul regret, ne pas avoir pu admirer les vignes, plantées en terrasses sur des terrains pentus, qui se situent à quelques encablures du caveau.
Et maintenant les vins… La quasi totalité des cuvées sont labellisées AB et sont issues d’un traitement proche de la biodynamie à la vigne, en levures indigènes au chai, avec pas ou peu de sulfites apportés par l’homme. Jean-Luc préfère qualifier ses vins de « naturels » plutôt que de « natures ». Pourquoi cette petite coquetterie ? En disant « naturel », il met l’accent sur le travail d’observation, de vigilance, d’attention du vigneron, pour qu’il puisse être « un tuteur » veillant et soutenant le travail de la nature. Toutes les cuvées sont mono-cépages, 100% fer servadou. Ce cépage est aussi appelé « Mansois » dans l’Aveyron ou braucol à Gaillac. Ici, il dessine la typicité de l’AOP Marcillac. Il est peu connu et donne des vins colorés, aux arômes allant du fruité rouge au végétal, passant par le poivron vert. En bouche, l’équilibre se joue entre une acidité présente, une astringence mesurée et une onctuosité invitée selon les millésimes. A chaque millésime, un nom différent de cuvée, inspiré des circonstances de l’année et des sensations éprouvées au cours des premières dégustations. Réveille-moi fait preuve, par exemple, d’une acidité « pimpante », Baiser retrouvé correspond à la période « covid » ou s’embrasser n’était plus de bise, pardon, de mise.
Les cuvées que j’ai préférées et achetées : Parole libérée 2018, Tu rougis moi aussi 2019 et Peirafi 2015, trois cuvées aux profils différents. Parole libérée donne une idée générale des vins du domaine, facile, frais, digestes, juteux, légers. Tu rougis est un vin davantage onctueux et gourmand. Peirafi est le plus complexe, avec son élevage en foudre centenaire, le plus long en bouche. A déguster dans cet ordre pour découvrir cette AOP Marcillac, si peu connue et si originale.
Quels enseignements tirés de ce moment ?
Je laisse les protagonistes de cette histoire répondre à cette question.













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