ApérŒno 15 : A la recherche des vins perdus

Pierre est un garçon aimable. Nos premières rencontres furent musicales. Une fois, il prit son violon, pour divertir quelques éclaireurs, d’autres fois,  pour fêter la musique chez des amis communs. Puis, je l’ai admiré dans l’épreuve, tant cet homme sut convoquer force, dignité et résilience face à la tristesse. Depuis, forts de notre amitié nous nous retrouvons épisodiquement autour de 2 piliers : la musique et le vin. A l’heure de ses 45 ans, c’est le vin qui nous lie, puisque Pierre souhaite que ses convives s’engagent à la recherche des vins perdus.

Ce jour-là, Pierre cherchait à se faire plaisir pour son anniversaire. Sur les hauteurs du Mont, se dressait un arbre rare, Ailanthus altissima. Sur la plus haute branche, un rouge-gorge aux plumes rubis chantait. L’homme s’approcha de l’oiseau qui le salua d’un “bouchour” amical et lui dit :
Suis-moi, Pierre, et tu découvriras le secret caché de la baleine bleue, Hopla ! Curieux de nature, Pierre suivit le rouge-gorge jusqu'à une grotte marine. À l'intérieur, une baleine bleue flottait, ses yeux brillants d'une malice étrange, elle murmura : Oh pitchoune ! Je suis la baleine des montagnes, je nage entre les hautes cimes et les vagues ! Pierre, exemple de probité, lui demanda: Pourquoi ce mensonge ?
La baleine répondit : Eh bé ! Parce que parfois, les histoires les plus folles sont les plus belles, pardi ! Pierre sourit, et avec le rouge-gorge, retourna sur le Mont, emportant avec lui le secret de la baleine menteuse.

Voici les 3 vins qui se cachaient dans cette histoire et que les dégustateurs-chercheurs devaient découvrir. Et c’est en mobilisant, leurs sens, leurs connaissances ou celles notées sur le plateau de jeu, leurs tactiques et la combinaison de prévisions, leur esprit de déduction, leur talent de lecteur de l’implicite,  qu’une équipe, sur les huit participantes,  a réussi à découvrir le cépage, la région, le millésime et la méthode de ces 3 vins.

 Le défi était pourtant de taille, et il a fallu bien du talent et/ou de la chance pour être heureux gagnants sans être dupes ! L’essentiel n’est pas là, et tous les apprentis sommeliers ont su brillé, sans trop de tricherie , ni de mauvaise foi, chacun s’appuyant sur le goût des vins ou la lettre et l’esprit pinardesques du maître du jeu. Une spéciale dédicace aux plus jeunes d’entre eux, pas encore la vingtaine, qui ont découvert avec plaisir et beaucoup de stratégies les joies du vin. Il ne leur a manqué que l’expérience de leurs parents pour réussir !

Les vins ont plu, tous étaient « natures » et n’ont pas été toujours reconnus comme tels. Il faut dire que je me suis appliqué à bien les préparer pour une dégustation optimale, bien oxygénés, voire secoués, décantés pour éviter les dépôts, carafés pour une aération maximale. Deux pinots ont été bus : un rouge gorge, aux plumes rubis et à l’accent alsacien, de Christian Barthel avec un profil vif et fruité et une baleine bleue (en fait, c’est un cachalot) sudiste du Mas du chêne, avec un combo fraîcheur-gourmandise. Un grenache a fait l’unanimité. Altissima, de Mont de Marie, a été apprécié et reconnu de tous, grâce à sa robe grenat et son caractère épicé.

Encore une fois, le vin a joué son rôle. Il a donné du plaisir et a crée des liens sociaux. Une philosophie défendue par la tête dans le cru : découvrir le vin de manière conviviale, ludique et culturelle !