C’est avec un esprit, quelque peu préoccupé, que Sylviane et Michel Issaly nous ont chaleureusement reçus au Domaine de la Ramaye. Ce mercredi 16 août 2023, le moral du vigneron et de son épouse n’était pas au beau fixe. La transmission de témoin programmée, ne se déroulera pas comme prévue. Ils pensaient avoir trouvé la relève. Ils venaient d’apprendre que la relève ne viendrait pas !
A quelques pas de Gaillac, le domaine et son caveau sont à la fois simples et authentiques, peut être même bucoliques ! En passant par le Gaillacois, et avec l’intention d’acheter quelques bouteilles de vin, une halte au petit vignoble de la Ramaye était une évidence. Ce sont, de loin, les vins de Michel Issaly, que je préfère dans la région. Les premiers prix environnent les 12€ et peuvent s’envoler jusqu’à 55€ pour les passionnés. Mais on se régale dès les premières cuvées. Ce sont celles que je vais évoquer !
Pour arriver à cette excellence, beaucoup d’efforts sont consentis à la vigne : viticulture biologique et biodynamique mais pas seulement ! Sont appliquées aussi des principes d’agroforesterie et de permaculture. Le vignoble est composé uniquement de cépages autochtones : mauzac, len de l’el, ondec pour les cépages blancs et braucol, duras, et prunelard pour les rouges. Le vigneron travaille à fournir la meilleure « immunité » à ses pieds de vigne, afin qu’ils produisent les meilleurs raisins possibles, et tout cela sans chimie. Le travail est poursuivi pendant la vinification avec peu ou pas d’intrants et un élevage dans des amphores en grès.
Chaque jarre en grès est unique. Leur forme, leur matière favorise une légère micro oxydation, aussi bénéfique qu’un vin élevé en barrique, le goût du bois en moins. Le grès semble apporter droiture, salinité et minéralité au vin.
De la droiture, Sylviane et Michel n’en manquent pas. C’est avec franchise qu’ils expliquent, leurs vins, leurs vignes, leurs millésimes plus ou moins réussis, leur terroir argilo-calcaire, l’enracinement de leurs ceps, qui donnent à leurs vins, une typicité, que je qualifierai de « paysanne » et aromatique, avec de la structure, de la concentration, loin des attendus « glouglou » très en vogue en ce moment.
Beaucoup de gentillesse et de générosité, aussi, pendant la dégustation, avec 2 cuvées en blanc et 4 en rouge sur les millésimes 2018, 2020, 2021.
2021 fut une année difficile pour le raisin : gelée, grêle, canicule, pluies estivales abondantes…
Compte tenu de ce « millesimus horribilis » et de la qualité des raisins, le choix a été fait d’assembler tous les cépages rouges de toutes les parcelles, pour faire le meilleur Clo’s Rayssac 2021 possible. Ce vin a été élevé 11 mois en jarre. A la dégustation : du fruit, évidemment, beaucoup de fruits rouges, mais aussi du végétal comme du poivron ou de l’herbe fraîche et des tanins présents mais fondus. 12€ la bouteille !
Pour le blanc, la cuvée Cavaillès bas 2021 sera aussi une originale. Un assemblage de mauzac, len de l’el et ondec, élevé 11 mois en jarre de grès. On y trouve des fruits blancs, pomme et poire, un bel équilibre sucre et acide en bouche. Un vin à forte sapidité qui pourrait rendre addicts beaucoup d’entre nous. 14 € la bouteille !
Un coup de cœur pour le Non Solus 2020 que j’ai déjà présenté dans d’autres articles du blog et qui est le fruit des « expériences » de permaculture. 16 € la bouteille !
La visite vaut le détour, les vins méritent tous d’être dégustés. Michel et Sylviane appellent la considération et l’amitié. Je leur souhaite de réussir le dernier acte de leur vie professionnelle : Trouver un successeur, digne de leur travail. Peut-être devraient-ils faire appel à la protection de leur Saint Vincent !!
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