Encore un temps où écrire sur le vin pourrait paraître futile. Mais je persiste à croire que mon temps a besoin de futilités. La futilité me paraît si facile à comprendre, si facile à saisir. Il est plus simple de m’illustrer sur la qualité des tanins de ce petit rouge du Languedoc que sur la géopolitique de l’est de l’Europe. Il est moins engageant de noter la vivacité exprimée par le chenin du dernier vin blanc dégusté que d’apporter des solutions à la sortie de guerre en Ukraine. La futilité me repose et me divertit, l’actualité m’angoisse.
Dans un autre registre, il me semble que la futilité d’un sujet tend à le rendre plus accessible. Quand le vin est futile, il s’ouvre à tous. Dire que le vin est un sujet sérieux, c’est ne s’adresser qu’aux spécialistes, c’est se priver des sensations de certains qui n’osent se prononcer de peur de ne pas avoir les connaissances requises.
Alors que chacun découvre ces 3 blancs Languedociens, bus dans l’ordre de présentation, avec la futilité requise.
Vermentino, grenache blanc et roussanne pour ce Tèrra du Moulin de Gassac. Le Moulin, c’est le savoir faire technique du Mas Daumas Gassac au service des raisins d’autres vignerons, une sélection parcellaire de raisins cultivés en bio. Un subtil mélange de fleurs blanches et d’agrumes, une robe dorée et une bouche ronde et équilibrée. Parfait à l’apéritif, houmous et petits légumes croquants. (12,5€ au caveau)
Le Blanc est délicieux ! Si son nom est d’une banalité déconcertante, sa dégustation ne passe pas inaperçue. Il fait partie de ces vins dont celui qui le boit veut en savoir davantage. Fruité blanc, épices douces, vivacité du chenin, rondeur due au passage en barriques. Le Mas du Pountil s’applique à vous proposer de l’élégance et du relief. Idéal pour résister aux épices d’une tielle sètoise.(11€ au caveau)
Voici le bon compagnon pour compléter les sensations des 2 premières cuvées. 100% chardonnay, on n’est pas dans le même type de vin. On retrouve les marqueurs du cépage : fruits blancs, fleurs blanches et notes briochées. Et si on mangeait un morceau de vieux comté ? Le sel du fromage a fait ressortir le fruité de l’autre, la texture du premier s’est allègée au contact du vin, les arômes lactés se sont mêlés au fumé. (8€ au caveau)
Mais, lequel des 3 vais-je boire ? Les 3 ma brave dame, les 3 !
Le mois de mars est à peine commencé, que j’ai déjà monté plusieurs bouteilles de la cave, que j’ai descendues juste après, en bonne compagnie. En voici une qui n’a pas eu loisir d’y séjourner. La cuvée H du domaine de La Barthassade. Un rouge d’assemblage syrah, grenache, mourvèdre avec un élevage partiel en barrique. Un vin avec lequel on ne s’ennuie pas : fruits rouges, olives noires, garrigue s’expriment « en douceur, en douceur, en douceur et profondeur ». Au cœur des terrasses du Larzac, ce domaine a su étoffer une notoriété bien méritée. (15€ chez un caviste)
Après tout ça, je suis certain de l’effet relaxant d’un verre de vin. L’alcool euphorise et le resvératrol, un des composés du vin rouge, déstresse. Faire preuve d’une futilité modérée n’aura donc jamais fait trop de mal.
Bonne et large soif !
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