Inutile de présenter cette AOP, qui fut la première AOC crée en France en 1936. Elle représente le prestige du Rhône Sud avec ses 13 cépages et sa bouteille écussonnée qui donne une reconnaissance immédiate. Plus de 3000 hectares sur les 5 communes de Châteauneuf-du-Pape, Bédarrides, Courthézon, Orange et Sorgues. Notre périple s’est limité au village de Châteauneuf-du-pape dédié rues, boutiques, corps et âmes au divin jus.
Vigne, village, verre, raisin, galets, Dentelles de Montmirail, Ventoux et Rhône ont fait partie du programme mais l’essentiel a été vécu dans les domaines visités.
Comment choisir parmi les plus de 300 domaines possibles ? Notre hôte Christophe a planifié 3 de nos visites. L’une chez un « vigneron ami », les deux autres chez des noms prestigieux de l’appellation. Pour ma part, je suis curieux de trouver un château pratiquant la biodynamie. Les dés sont jetés. Ce sera dans l’ordre de visite : Mas Grange Blanche (Mousset), La Gardine (Brunel), Beaurenard (Coulon) et Vieux télégraphe (Brunier).
La première idée est toujours la bonne. Chez Cyril Mousset, nous avons été accueillis comme des princes. Ce vigneron franc, honnête et passionné a pris du temps pour nous recevoir comme des amis. Nous avons vu le chai et sa diversité : cuves inox, œufs béton, barriques, demi-muids et grands foudres. Au fil de la visite, nous avons pris le chemin du raisin de la vigne jusqu’à la bouteille. Heureuse surprise pour le buveur « Bobio » que je suis, Cyril se préoccupe de la santé de ses vignes et de ses clients : pas de chimie pour la terre, des levures indigènes pour la vinification et un label HVE (Haute valeur environnementale) à venir. Il est aussi très fier de toute la « machinerie » acquise à force d’investissement. La technique au service d’une meilleure expression du raisin.
Tout cela nous conduit à la toute belle et nouvelle salle de dégustation où nous attendent de nombreuses bouteilles et grignotages. Pour le vin ce sera un blanc, un rosé et un rouge sortis des cuves et pas encore mis en bouteille, une verticale du 2014 au 2018 et 3 très vieux millésimes. Que d’inattendus !
Arrêtons nous sur la cuvée du moment: Mas Grange Blanche « La font de Bessounes » 2016. 70% grenache, 20% Syrah et 10% Mourvèdre – 14.5% – élevage en foudre, en demi-muids de 18 mois. La robe est intense avec des reflets violacés. Le nez est puissant. On y retrouve des fruits rouges et noirs bien mûrs, des épices et un fin vanillé. La bouche est chaleureuse, les tanins légèrement astringents. La finale propose plus de fraicheur qu’à l’attaque avec une bonne longueur et un bel équilibre. La cuvée gagnera encore à vieillir quelques années en bouteilles. Les amis fidèles, ceux qui resteront au moins jusqu’en 2026 auront la chance de goûter les bouteilles achetées suite à la visite.
Les 2 domaines suivants n’ont plus besoin de bonne presse tant leur réputation est ancrée. les images suffiront pour convaincre chacun d’aller jusqu’au domaine pour le plaisir des yeux et de la bouche. Attention un Vieux Télégraphe coûte 70€ la bouteille. J’attends le changement d’échelon pour me lancer.
La Gardine :
Vieux télégraphe :
Et maintenant place à la Biodynamie. Boire un châteauneuf qui ne se satisfait pas d’une seule bénédiction papale mais qui va chercher son apogée de la terre vers les influences planétaires. Bien plus qu’une philosophie, la biodynamie a un cahier des charges assez important et se rapproche d’une viticulture d’antan, qui respecte les cycles de la Nature avec un grand N. Bienvenue au château Beaurenard et son label Demeter.
Ici les treize cépages sont à l’honneur et les assemblages apportent complexité et harmonie aux vins du domaine. A la dégustation le Châteauneuf du Pape blanc, le Châteauneuf du Pape rouge 2017, 2014 et le Boisrenard issu des vieilles vignes.
2017 a été un millésime a faible rendement mais a donné très belles baies. Le vin est issu de parcelles en complantation (plusieurs cépages sur la même parcelle) : 65% de Grenache, 15% de Syrah, 10% de Mourvèdre, 10% d’autres cépages pour parfaire la « symphonie » des 13 cépages. L’élevage de 12 mois en cuves tronconiques, foudres et fûts apporte à ce vin la race attendue. La typicité de l’appellation est au rendez-vous, puissance, concentration des arômes, longueur, mais ce 2017 se distingue par sa fraîcheur.
2014 est plus évolué. Le vin est fin avec des arômes qui oscillent entre raisin de Corinthe, prune et épices. Les tanins sont plus souples et la fraicheur est maintenue. Mais catastrophe, à l’ouverture du carton, une bouteille avait « coulée ». J’attends un geste commercial, à 40€ la bouteille, où je me fâcherai rouge, évidemment !
Un grand Merci à Caro et Chris, mécènes émérites de cette épopée castelpapale !
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