Quel vin avec Benjamin ?

Mon goût pour le vin et la musique, le superbe concert de Benjamin Biolay à Paloma me donnent d’étranges idées et me posent de drôles de questions. Existe-t-il un vin pour mieux écouter du Biolay ou à l’inverse sa musique permet-elle de mieux apprécier un vin. En d’autres mots : Quels accords vin/Benjamin ?

Mais avant de commencer, mettez-vous en conditions. La Paloma a su, par ses qualités acoustiques, sublimer la musique de l’artiste, il conviendra donc de choisir le verre, qui à son tour mettra en valeur les qualités du vin choisi. Pour que le vin ait du fond, le verre doit avoir la forme.

Du fond, il n’en manque pas dans les chansons de Benjamin Biolay : De sombres histoires d’amour, de petites parenthèses de bonheur, du spleen souvent, de l’optimisme parfois, des émotions toujours. Des mots portés par des musiques tantôt intimistes, tantôt oniriques et lyriques avec des boucles électroniques. De la grande variété française appuyée pour ce concert d’arrangements argentins et de bandonéon.

Belle forme aussi : une voix grave, rauque et affirmée. Le chanteur est juste, le musicien talentueux et polyvalent : guitare, clavier, piano, trompette… Une présence simple et forte, une classe naturelle, du charme, celui qui plait aux femmes, et un brin de nonchalance.

Avec tout ça, comment trouver THE vin pour Benjamin?

 Il pourrait être argentin pour souligner son dernier exil ou italien pour évoquer ses amours de toujours, mais il sera français comme les mots de ses chansons. Il sera aussi « bio » ou « nature » pour rappeler l’admiration qu’il suscite chez les « bobos » dont je suis. A l’œil, il sera à la fois sombre et brillant, en bouche complexe et riche mais sans être putassier. Des tanins présents pour évoquer la voix et les sentiments « rocailleux » mais ces tanins devront être arrondis et affinés par le temps. Il devra évoquer les épices, des effluves animales, du cuir peut-être, du tabac aussi, de la terre sûrement et des notes empyreumatiques. Enfin, ce devra être un grand vin, mais qui ne s’en croit pas. Un grand vin pour un grand artiste mais un vin accessible comme Biolay qui tourne dans de petites salles de concert au prix d’entrée raisonnable. Maintenant, il faut que je descende à la cave pour choisir le vin qui va accompagner l’écoute de l’album Palermo Hollywood. A tout à l’heure…

Antoine Arena – Carco – 2008

Patrimonio – Corse

rouge – 14% – bioD sans label

100% Niellucciu

autour de 20 €

Le raisin de cette cuvée est issu de la parcelle Carco qui n’a subi aucun désherbage chimique. Belle expression du terroir Corse. Robe sombre, grenat, aux reflets orangés. C’est un vin du Sud qui a un peu de bouteille. Un nez riche et complexe avec des épices et une fraîcheur « camphrée ». Ca sent comment le maquis, mais pas seulement, on y trouve comme de la figue cuite aussi. Il y a, au premier nez, de l’animal qui se dissipe après un peu d’aération. En bouche, les tanins sont fondus, le fruit noir confituré apparaît puis c’est au tour de la pierre chauffée au soleil mais tout cela laisse place à un jus plus « frais » en finale. Belle structure mais aucune lourdeur avec une persistance exceptionnelle.

Et maintenant, chut… Je me régale.